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Petite définition

Le mot effeuillage est divisé par le préfixe « e » et le mot « feuillage ». C’est donc l’action d’enlever des feuilles de quelque chose. Le Petit Robert définit cette technique dans le contexte de l’arboristerie comme étant « l’action d’enlever une partie des feuilles pour exposer les fruits à l’action solaire et favoriser leur maturation ». « Les effeuilles » est le terme typique utilisé en Suisse, alors qu’en France, on parle d’épamprage : déjà vu ce mot auparavant ? En réalité, ce n’est pas vraiment de l’effeuillage, mais un nettoyage des pieds de vigne de leurs repousses indésirables.
En bref, cette opération consiste à débarrasser un cep de vigne de ses rameaux ou de ses pampres. De cette manière, on favorise la maturation des branches fruitières porteuses de raisin.

avant

Avant l’effeuillage

Pourquoi effeuille-t-on la vigne en pleine croissance ?

L’effeuillage a lieu vers la floraison, en juin. Oui, cela peut paraître étrange, mais les effeuilles se déroulent lorsque la vigne est en pleine croissance. Chaque vigneron possède un peu ses petits secrets, ses petits trucs ou habitudes, en fonction de l’état de sa vigne. Certains ne retirent que les entre-cœurs de la zone des grappes, alors que d’autres éliminent carrément des feuilles principales.

Pourquoi effeuille-t-on en Suisse ?
Les effeuilles sont une pratique traditionnelle très répandue en Suisse, notamment pour lutter contre des maladies comme le mildiou, l’oïdium et la pourriture grise. Des écrits sur cette pratique ont été retrouvés dans des documents datant du XVIIIe siècle.
Objectifs de l’effeuillage
1) Créer un microclimat favorable autour de la grappe : soleil, aération
2) Une conséquence du point 1), à savoir diminuer la pression des maladies fongiques
3) Améliorer l’application des produits phytosanitaires
4) Protéger l’environnement en agissant de manière prophylactique

 apres

Après l’effeuillage

 

Avec quoi effeuille-t-on ? 

Imaginez le nombre de personnes pour effeuiller quelques hectares de vigne ! Bien que la main de l’homme demeure essentielle, la mécanisation permet en général d’aider grandement les vignerons dans cette tâche longue et minutieuse. Or dans Lavaux, la topographie impose la plupart du temps un effeuillage manuel, ce qui signifie l’engagement de main-d’œuvre saisonnière importante à cette époque. Ceci explique aussi le prix du vin plus élevé.
La vigne est un être sensible, elle ne daigne aucun mauvais traitement. C’est pourquoi, pour les vignerons qui utilisent la mécanisation, il existe différentes machines qui répondent à la période d’effeuillage et à la sensibilité de la vigne : une machine à soufflerie sera plus propice à un effeuillage précoce, quand il n’y a pas encore de baies (ou trop de baies), tandis que la machine à aspiration sera utilisée uniquement après le basculement des grappes. Quel que soit le moyen utilisé, le but est toujours de préserver au maximum les grappes et les raisons et de leur offrir un environnement le plus propice possible pour une belle maturation.

L’évolution de cette technique dès 2005

L’effeuillage a longtemps été étudié dans le but de maîtriser ses effets sur la physiologie de la vigne. On pensait dès lors avoir levé tous les secrets de cette tradition. C’était sans compter sur une équipe de recherche italienne qui, en 2005, a pu démontrer sur des vignes italiennes qu’un effeuillage très précoce pratiqué avant la floraison pouvait réguler naturellement le rendement et améliorer la qualité des moûts. Bien sûr, cette étude doit être considérée avec modération et dans son contexte. On ne badine pas avec la vigne : trop précoce, trop intensif et votre raisin peut subir des conséquences dramatiques. Cette étude a eu le mérite que l’on continue aujourd’hui de se pencher sur cette phase importante de la vigne afin de découvrir, qui sait, d’autres secrets qui nous envoûteront davantage lors de dégustations de vins divins ?

Depuis 2010, Agroscope mène des essais pour évaluer les pour et les contre d’un effeuillage préfloral dans le contexte des vignobles suisses. Les critères d’analyse portent sur la physiologie de la vigne, l’état sanitaire de la vendange et la qualité finale des vins de cinq cépages implantés dans les cantons de Vaud et du Tessin.

Nos vignes n’ont pas fini de nous livrer leurs mystères !

Laurent Berthet